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Dagblad de Limburger

Rieu est plus qu'un mot de quatre lettres. 

Andre Rieu  (52) : chef d'orchestre, homme d'affaires, globe-trotter, Limbourgeois.
Pour la classe culturelle supérieure il est le André Hazes
de la musique classique.
( Andre Hazes est un chanteur hollandais)
Pour son  public il est l'héritier le plus populaire de Mozart,
Strauss et Beethoven.
Il a vendu quinze millions de CDs
et il voyage dans le monde entier avec son orchestre de cinquante musiciens.

Est-ce que vous êtes un violoniste "supérieur" ?

Je ne suis pas un acrobate sur l'instrument, ni un virtuose qui peut faire n'importe quoi sur un violon.
Je devrais étudier cinq heures par jour et pour moi, ça ne le vaut pas.
Je joue seulement ce que je suis capable, si je le trouve beau moi-même. Je ne jouerai jamais quelque chose parce que la foule le demande.  En fait c'est le contrair. Des millions des gens, dans tous les coins du monde, aiment la musique que je choisis.
 

Il y a aussi les gens qui pensent que votre musique est une nuisance sonore commerciale...

Le public d'élite et mes confrères étaient dégoûtés de moi quand il y a environ vingt ans j'ai commencé mon propre orchestre de salon et que nous jouions des concerts
au Hieringe Biete à Maastricht,
Selon eux, j'ai violé la musique classique, j'étais trop vanitieux et voulait seulement la gloire et la fortune.Tandis que, la main sur le coeur, je voulais seulement la porter plus haut et y apporter un certain humour. J'ai voulu rendre cette musique classique, ennuyeuse, accessible et agréable pour un plus large public.

Vous avez réussi ?

Aujourd'hui en 2002, quinze millions de CD’s ont été vendus. Avec mon orchestre de 50 musiciens, j'exécute 110 concerts par an. J'ai un total de 130 employés et nous voyageons partout dans le monde, nous faisons de nombreux spectacles à la télé et partout où nous allons on nous loue.
Le dégoût du passé se mue de plus en plus en admiration.
"Rieu" est plus qu'un mot de quatre lettres. Croyez-moi, je ne suis pas fier du fait que j'avais raison, mais je suis fier d'avoir rendu mes rêves réels, d'avoir écouté mes sentiments le plus profonds et d'avoir persévéré. Je ne l'ai jamais fait pour l'argent. Jamais. Quand j'ai quitté l'Orchestre Symphonique du Limburg, ma femme a dû gagner notre vie. Maintenant nous traversons l'Europe avec treize camions.Trois de ceux-ci emportent uniquement les lustres et des tapis. Je décore complètement chaque salle où nous jouons; donc mon public se sent bien à mes concerts.Tout cela coût des millions, que je pourrais facilement dépenser à titre privé.

Etes-vous riche ?

Il y a bien sûr beaucoup d'argent dans notre société, mais tout cela est réinvesti dans notre musique.  Nous faisons tout nous-mêmes, les concerts, la garde-robe, les éclairages, le son, le transport, les enregistrments des CDs, des vidéos, le marketing, etc...
C'est typiquement hollandais de toujours attaquer sur l'argent. Il y a peu de temps j'ai vu Gert de Belgique. Gert a un énorme succès avec le Chien Samson à la TV.  Et de quoi parlent-ils tous ?  Du fait que l'homme fait tant d'argent avec son show. J'entends toujours l'ancien directeur du théâtre
de Maastricht me dire quand nous avons commencé avec l'orchestre de salon:"Vous, vous voulez seulement plus d'argent et plus de public. ”   En effet, c'était exactement mon plan, permettre à plus de personnes d'aimer la musique classique et si vous voulez réaliser des rêves peu communs vous avez besoin d'argent.
Mais tout cet argent ne m'a pas changé personnellement. Je suis toujours le même bonhomme difficile que j'ai toujours été.

Bonhomme difficile ?

Je peux être plutôt obstiné et arrêté dans mes opinions.

Néanmoins beaucoup de femmes vous admirent. Comment  estime-vous qu'un homme de 52  puisse être ainsi désiré ?

Il ne faut pas se cacher la face: cela flatte mon ego.  Quand j'étais au lycée les filles de ma classe partaient toujours avec les autres garçons et maintenant soudainement beaucoup de femmes m'adorent. 
Est-ce que je suis monogame ?  Oui, depuis 27 ans je suis marié à une femme qui m'inspire et qui a un grand sens de l'humour.
L'attention du showbiz va avec la profession. Vous devez jouer la Star, autrement vous
ne vendez pas de CDs, de vidéos ou de billets de concert. Durant trois heures pendant nos concerts nous créons une atmosphère très romantique. Un monde guérissant, avec de belles femmes en robes de soirée et des hommes en habit. Cela peut faire monter l'admiration.

Les vêtements font-ils l'homme ?

Non, il n'y a beaucoup d'hommes qui ne soit élégants avec un habit. D'autre part, des hommes peuvent être élégants dans un sweatshirt. L'homme fait l'homme, pas ses vêtements.

Quel genre de homme est vous ?

Je suis un battant et plutôt impulsif. Par certains côtés je me reconnais dans Pim Fortuyn.
Je l'ai beaucoup admiré. Cet homme a voulu se dépêcher et, comme j'ai fait, a voulu passer à travers l'établissement rouillé.  Ma femme me compare souvent à un équipage de quatre chevaux qu'elle doit tenir sous contrôle.  Je déborde d'énergie et d'optimisme.
Quand j'étais un enfant je prétendais déjà que je deviendrais centenaire.
Jour et nuit, je suis occupé par la musique, la musique c'est-à-dire classique.  Je n'écoute jamais un autre type de musique.
Ni à la maison, ni en voiture.  Mon père était le chef d'orchestre du LSO et dès l'enfance je n'ai jamais entendu que de la musique classique.  Des noms comme Rex Gildo ou Roy Black n'ont jamais rien signifié pour moi enfant. C'est par mon beau-père, un juif échappé de Berlin, que j'ai connu Catherina Valente et la musique d'opérette. De cette façon j'ai aussi découvert la musique de valse et ai appris à l'apprécier.

On s'attendrait à ce qu'un musicien soit aussi curieux des autres tendances musicales ?

De temps en temps j'entends quelque chose de moderne qui arrive de la chambre de mes fils, ou quand nous sommes à une réception. Mais cela ne me fait vraiment rien.  Ma vie tourne autour de la musique classique.
Tout ce que je fais, je le trouve vraiment fantastique et amusant. Je dois faire mes preuves chaque jour, comme il y a vingt ans, mais faire de la musique ne ressemble jamais à du travail.
Nous ne partons jamais en vacances, tout au plus quelques jours en Forêt Noire. Je suis loin de la maison 180 jours par an, alors vous êtes heureux quand pour une fois vous pouvez être assis dans votre propre jardin.
Mais, même alors, mes pensées sont avec mon travail, cherchant de nouvelles pièces, pensant de nouveaux concepts.

Comment pouvez-vous tenir physiquement ?

Je cours ou je dors.  Je commence chaque journée par un jogging.  Nous venons juste de rentrer de trois semaines de concerts en Amérique du Nord. Là-bas, nous avions un bus à part, plein d'équipements d'exercices.
Et pour le reste je peux dormir à tout moment de la journée. Avant les concerts aussi, j'apporte toujours mon banc rouge avec moi, partout où je vais. A cinq heures nous faisons un contrôle du son et entre 5h45 à 7h00, je fais un petit somme, pour être plein d'énergie sur la scène.

Pourquoi êtes-vous si attaché à vos affaires ?

Cela peut sembler un peu sermonneur, mais je peux être loin 180 fois par an, parce que j'ai une maison !
Elvis Presley ne se sentait pas à la maison n'importe où et la vie d'hôtel a été sa destruction.
Nous avons complètement décoré deux bus avec des choses privées des membres de l'orchestre. J'emporte toujours mon propre banc et je mets la table moi-même. Je suis vraiment un bon "petit homme d'intérieur"'. Nous pourrions facilement faire une tournée de trois mois dans toute l'Amérique, mais nous faisons consciemment cela en quatre fois trois semaines. Être régulièrement à la maison est important pour chaque être humain. Peu importe où nous nous produisons en Europe, nous rentrons à Maastricht presque chaque soir. Et si il y a trop de kilomètres à faire en bus, nous revenons en avion avec notre propre Fokker. Je voyage toujours avec le groupe, à moins que je n'aie des interviews supplémentaires à la TV, alors je vole dans mon deuxième avion, dans les deux sens.

Est-ce que vous êtes un bon patron ?

J'adhère au modèle japonais. Là, l'employeur s'occupe de ses employés pour le reste de leurs vies.  Je paye les salaires les plus hauts de tous les orchestres, mais j'exige vraiment la dévotion, la discipline et le sens de l'humour. Naturellement, mes musiciens doivent être capables de bien jouer, mais je les choisis aussi sur leur personnalité. Les gens doivent aller avec la clique, j'utilise intentionnellement le terme clique, parce que nous devons fonctionner comme une équipe chaque fois nous nous produisons sur scène. Et de même, parce que nous vivons proches les des d'autres pendant des tournées de trois semaines.

Vous êtes durs avec eux ?

J'ai un respect sincère pour mes employés, mais je peux être très strict et dur si nécessaire. 
J'ai peur si je dois renvoyer quelqu'un.  Et parfois il y a un peu de vengeance.
Mais, une chose est claire, je ne laisserai personne démolir ce que j'ai créé.

On vous connaît comme un perfectionniste.

En effet. Mais la plupart du temps c'est un des piliers du succès.
Quand nous avons commencé avec l'Orchestre de Salon, nous devions jouer trois soirées au
't Kneipke Café de Maastricht. Cependant il y avait un terriblement mauvais piano et bien que nous ayons vraiment besoin de l'argent, pendant deux jours j'ai refusé de jouer. 
Alors le commérage commençat sur la vanité. J'ai entendu une fois dire que Robert Weiss régisseur pendant le tournage de "The Sound of Music" a attendu pendant trois jours avec l'équipe entière pour avoir le jeu exact qu'il voulait du fils. Je suis la même voie. Je cherche toujours à avoir le maximum. Et quand cela réussit, alors vous sentez le bonheur suprême.
 

Pleurez-vous alors ?


Oui, alors je peux pleurer. Mais ce n'est pas le seul moment.  Quand je vois
"The Sound of Music" les larmes apparaîssent. Même à la quatre-vingts-quatrième fois.

Pourquoi ce film particulier ?

C'est un chef-d'oeuvre. Mais je suis sûr qu'il a aussi autre chose, comme tout garçon de onze ans je suis immédiatement tombé amoureux de Julie Andrew.
C'était la première fois que je suis allé au lit sans dormir de la nuit. La deuxième fois c'était en raison des frais d'hypothèque, quand ma femme et moi avons acheté notre première maison dans le quartier "Daalhof".
La troisième fois c'était quand j'ai construit mon nouveau studio d'enregistrement Maastricht. Quand vous parlez d'autant de million...

Quelle est l'importance de Maastricht pour vous ?

Je suis et me sens très Limbourgeois et particulièrement Maastrichois.
C'est une ville fantastique. A chaque concert, peu importe où dans le monde, je mentionne le nom Maastricht au moins cinq fois. Et quand je dois être interviewé pour la TV, je laisse toujours les caméras venir à Maastricht. J'ai, avec le temps, reçu beaucoup de prix et de récompenses, mais rien ne m'a autant fait plaisir que le
"Limburg Award"  et la "Citoyeneté d'honneur de Maastricht". Pour la simple raison que j'ai reçu ces récompenses des gens d'ici.

Tout de même vous commencez un plein air avec Roermond ?

Pendant quelques années je donnerai un certain nombre de concerts en plein air à Roermond. Il y a des problèmes d'organisation sur le
"Vrijthof" de Maastricht et à Roermond ils ont un bon concept avec le Maasplassen.  Ces concerts sont cependant complètement différent de l'idée de donner un concert "Rieu et ses amis", avec des gens comme Pavarotti et autres. Ceux-là sont seulement pour ZDF.

À quoi votre public ressemble-t-il vraiment ?

Littéralement à tout. Du jeune au vieux et de femme de ménage au professeur. Le mélange le plus agréable qui soit. Aucun snob qui essaye d'analyser la musique, mais des gens qui comme moi écoutent leurs sentiments.  Je me méfie des gens qui disent que vous devez avoir la connaissance de la musique.

Ceux-là sont ceux qui vous blâment d'avoir raccourci le "Bolero" de Ravel de quinze à six minutes.

Attention, ce n'est pas juste "raccourcir" un morceau. Cela prend des années pour faire quelque chose comme ça. Je pense que la composition elle-même n'a pas été affectée. Je l'ai rendu plus accessible. Je popularise de la musique, je ne le modifie pas; comme vous le feriez si vous mettriez un roulement de tambour sur "Air" de Bach ou "Romance"’ de Beethoven. Il y aura toujours des gens qui ne sont pas d'accord avec moi. Après vingt ans j'ai tendance à le croire, c'est ainsi. Je vis avec une devise: "Jamais ne renonce, continue !"

Traduit par Sonja Harper,Ohio, USA

Dagblad de Limburger. Juin 2002
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