La musique est quelque chose de magnifique, elle nous donne la
possibilité de nous enfuir du quotidien et de nous transporter pendant un moment dans un
autre monde.
Avec ce nouveau CD, André Rieu
revient à beaucoup d'égard à sa jeunesse. Là se trouvent les racines de ses rêves et
là apparaissait son amour naturel à la musique.
Déjà petit garçon, je me
trouvais avec mon violon à la fenêtre et rêvait à un monde fabuleux. Pendant des
heures je pouvais regarder dehors pendant que j'improvisais de belles mélodies sur le
violon et m'abandonnais à des rêves romantiques. Dans mon imagination, la fille timide
de la chorale devenait une jolie princesse avec qui je galopais à cheval dans les prés
pour la séduire alors dans un château magique avec mon violon.
Cela a été ainsi pendant
longtemps. Heureusement, ma mère appelait de temps en temps de la cuisine : "André,
dois s'exercer !" Et elle me ramenait ainsi dans la réalité et aux gammes. Pour
cela je lui suis très reconnaissant, car autrement je ne serais jamais devenu un
violoniste de moi-même. Je suis resté cependant le même romantique. Aujourd'hui encore,
ma place préférée pour m'exercer est à la fenêtre du salon de musique, et aujourd'hui
encore je laisse volontiers errer mes pensées pendant que je joue du violon .
J'ai grandi avec la musique, car
mon père était chef d'orchestre d'un orchestre symphonique. Ma mère, mes cinq frères
et soeurs et moi assistions à ses concerts chaque semaine. Je me souviens encore
parfaitementt de la première fois : à l'époque j'avais seulement quatre ans et ne
savais pas comment cela se passait : autant de personnes sur la scène ! Autant
d'instruments, la musique magnifique, mon père qui dirigeait cette masse immense de
musiciens. Je ne pouvais tout assimiler et étais profondément impressionné. Le
plus souvent du fait que beaucoup d'archets des joueurs d'un instrument à cordes allaient
tous simultanément de haut en bas, c'était comme un miracle!
Dès le début c'étaient les joueurs d'un instrument à cordes qui me plaisaient le mieux
entre tous. Ce plein son de violons, altos, violoncelles et des Basses - je le trouvais
simplement écrasant. Avec cela, c'était, comme si j'étais soulevé et déplacé dans un
autre monde merveilleusement beau. Et ainsi naissait en moi le romantique que je suis
aujourd'hui . Aussi des solistes qui venaient, c'étaient toujours les joueurs d'un
instrument à cordes, et en premier lieu les violonistes qui me touchaient au plus
profond. Je voyais et écoutais David Oistrach,
Isaac Stern, Leonid Kogan, Herman Krebbers, Yehudi Menuhin et
beaucoup d'autres, et pendant que je les écoutais jouer, je rêvais de me trouver
un jour, n'importe quand, une fois aussi sur une scène et jouer cette musique
miraculeuse.
Dans la maison familiale, on
écoutait toute la journée de la musique. Mon père étudiait ses partitions au piano, et
les six enfants jouaient dès l'enfance plusieurs instruments : piano, violon,
violoncelle, contrebasse, harpe, trompette, hautbois et flûte. En outre, nous recevions
des leçons de chant et de solfège, car tous chantions dans la chorale.
Il y a environ douze ans, j'ai eu
l'objectif de fonder mon propre orchestre, à savoir un groupe de joueur d'instruments à
cordes. J'étais fait pour ce son, comme depuis toujours je rêvais de voyager avec
mon propre orchestre à cordes autour du monde et de jouer cette musique romantique.
Alors, je demandais conseil à mon père. Comme se faisait exactement la distribution et
quel répertoire se prêtait, peut-être, le mieux pour mon orchestre ? Alors, mon
père fit une liste des plus belles compositions.
A l'époque, je n'étais pas
encore mûr pour une telle musique, car il résultait que j'avais du succès simplement et
avant tout avec les valses viennoises. Mais j'ai toujours su qu'un jour ou l'autre, je
jouerai à mon public "ses" morceaux.
Tout à fait en haut sur la liste de mon père se trouvait l'Adagio d'Albinoni.
Il l'avait mis en tête, il souhaitait beaucoup que je le joues parce qu'il contient un
solo de violon miraculeux. Je l'ai joué avec une grande joie et reconnaissance à son
égard sur ce nouveau CD, ainsi qued'autres ouvrages de sa liste : "Intermezzo
Sinfonico" de Mascagni, "Air" de Bach et "Ases
Death" de Grieg.
Depuis un certain temps, je possède un Stradivari merveilleux de 1667.
Stradivarius a construit ce violon qu' il avait 23 ans. C'est l'année où il devenait le
Maître et où il se maria. Il devait être très amoureux de sa femme, on entend cela
dans le violon, je trouve ! J'en joue volontiers et ai pris ainsi quelques solos de
violon magnifiques : le "Romance" de Chostakovitch (the Gadfly), et le
"Romance in F" de Beethoven.
Entre-temps, mon "orchestre
d'instruments à cordes" original a grandi en un orchestre complet avec lequel je
voyage depuis des années autour du monde. Nous sommes comme une famille nombreuse, avons
ensemble joies et peines, nous réjouissons sincèrement beaucoup du plaisir de faire de
la musique et de donner chaque soir un nouveau concert. Je suis très fier que sur ce CD
certains solos merveilleux de mes musiciens soient à écouter : l'"Adagio" du
récital pour piano numéro 21 de Mozart, joué par Jo Huijts, "Le Cygne" de
Saint-SaÎns, joué par la violoncelliste Tanja Derwahl, et "Send In The Clowns"
avec le solo de saxophone magnifique de Renate Dirix. L'une des mélodies les plus
gracieuses sur ce CD est le "Greensleeves" mondialement connu qui stimule,
vraiment, au rêve.
Une joie tout à fait particulière
pour moi est de collaborer avec mon "petit frère" Jean-Philippe. Il est mon
cadet de huit ans, et longtemps nous avons suivit nos propres chemins professionnels. Il a
étudié le piano, est devenu chef d'orchestre, comme notre père, et a composé des
choses tout à fait modernes pour lesquelles j'avais peu de compréhension. Il y a
quelques années, je devais faire des spots pour la télévision en Angleterre, et je lui
ais demandé de faire ces spots. Depuis ce temps-là nous collaborons très étroitement.
Il dirige la mise en scène des films que nous tournons, les spots de présentation des CD
et est d'une grande aide pour moi au management. Depuis un an, nous composons ensemble.
C'est fantastique ! Spécialement pour ce CD, "Dreaming", nous avons
composé "Ballade" |