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Le
Progrès Avril 2003
GROS PLAN André
Rieu, légèrement classique
La musique classique ne se vend guère :
comment avez-vous réussi à devenir aussi populaire ?
Je montre sur scène qu'il est possible d'avoir beaucoup de plaisir en jouant de la
musique classique, que je suis un être humain normal, pas quelqu'un qui vit dans les
nuages ou dans le ciel parce qu'il est musicien classique. Je crois que les gens ont
souvent peur d'aller dans les concerts classiques à cause de ça, parce qu'on vous
regarde si vous bougez, si vous applaudissez avant que ce soit fini, etc. La musique
classique est devenue un musée, c'est dommage : c'est une chose formidable, qu'il faut
laisser vivre.
Pensez-vous qu'il y avait une attente de la part du public ?
Je ne sais pas si le public en était conscient, mais au moment où je suis arrivé,
c'est devenu évident Nous sommes plusieurs à essayer d'ouvrir la porte pour la
musique classique. Nigel Kennedy a fait beaucoup aussi, Vanessa Mae Et
naturellement, ceux qui ont commencé à faire ça, ce sont « les trois ténors » (NDLR
: José Carreras, Placido Domingo, Luciano Pavarotti).
Les puristes vous considèrent avec mépris : cela vous gêne-t-il ?
Ce qui me gêne, ce sont les puristes ou les critiques qui écrivent sur moi sans avoir
été à un seul de mes concerts ou sans avoir jamais écouté un de mes disques. Il faut
juger par soi-même. Et certains viennent seulement pour détruire tout, sans un mot de
vérité. Je suis un musicien classique, je ne travaille qu'avec des professionnels. Quand
je joue un morceau classique, je le joue comme les autres orchestres. Je suis né dans la
musique classique, je l'ai dans mes veines, c'est un de mes rêves de la mettre dans la
rue pour que tout le monde la connaisse. Du temps de Mozart, les mélodies qu'il composait
étaient sifflées dans la rue, c'était pour tout le monde.
Au fil des albums, vous mêlez au classique de plus en plus de standards du music hall
et de la chanson
Je ne fais pas, comme chez les Allemands, la distinction entre « E Musik » («ernste
Musik », genre noble) et « U Musik » («Unterhaltungsmusik », la musique légère). Il
y a de la mauvaise musique et de la bonne musique. Ce qui compte, c'est la mélodie, et
aussi de sentir sil y a du coeur dans la composition, de l'émotion.
Quels sont pour vous les grands compositeurs actuels ?
John Williams, qui compose notamment pour les films de Spielberg, fait des choses
formidables. En France, il y a Gérard Presgurvic, qui a composé Aimer (reprise de la
comédie musicale Roméo et Juliette). Ce sont des professionnels qui savent quoi faire.
Vous interprétez également de plus en plus souvent vos propres compositions.
J'ai toujours composé, mon frère Jean-Philippe aussi. Je n'osais pas montrer mes
compositions, lui non plus. Je pensais que ça ne valait rien. Depuis que nous travaillons
ensemble, on se sent libres, nous avons pris confiance.
150 concerts par an, une équipe de 120 personnes, un orchestre de quarante
musiciens André Rieu, c'est aussi une grosse entreprise : comment préservez-vous
le plaisir de jouer dans ces conditions ?
Je pourrais donner 200 concerts par an. Quand je suis en tournée, c'est comme si
j'étais en vacances, tout est réglé, organisé, alors que quand je suis à la maison,
tout le monde veut m'avoir, c'est beaucoup plus fatigant. Pour le reste, j'ai toujours
voulu organiser tout moi-même, tout est dans ma tête, je peux tout contrôler.
Les immenses salles dans lesquelles vous vous produisez aujourd'hui sont-elles
réellement adaptées aux musiques que vous interprétez ?
Naturellement, si l'on joue dans un stade, il faut faire attention à ce que tout le
monde puisse voir et entendre. On a des écrans vidéo, une amplification énorme. Le
contact avec le public dans un stade est le même que dans une petite salle, c'est
seulement une autre atmosphère. Pour moi, c'est aussi excitant de jouer dans un stade que
dans de belles salles comme Pleyel à Paris ou le Musikverein à Vienne. Mais une année
n'a que 365 jours, alors il faut choisir : une année à l'Olympia, qui peut accueillir
seulement 2000 personnes, et une autre année à Bercy (NDLR : 15000places) Nous
sommes en train d'étudier la possibilité de jouer au Stade de France, probablement
durant l'été 2004.
La France représente environ le quart de vos ventes d'albums : où marchez-vous le
mieux ?
La France et l'Allemagne tiennent la première place, pour les disques comme pour les
concerts. Je parle allemand, j'essaie de parler français, j'ai toujours aimé jouer dans
ces deux pays, où la fusion opère de la même manière, bien qu'ils soient tout à fait
différents. Au fond, ça marche partout : nous jouons désormais au Japon, nous
préparons des concerts en Corée et en Chine Je dis toujours, sur scène, que la
musique n'a pas besoin des mots : c'est un cliché, mais c'est vrai.
EN CONCERT Demain soir à Strasbourg (Rhenus). Tarifs : de 44,70 E à 54,20 E.
Locations Fnac, Carrefour, Auchan
« J'ai toujours rêvé d'avoir mon propre orchestre et de parcourir le monde : c'est
ce que je fais aujourd'hui, je rêve tout le temps ». Le violoniste millionnaire se
produit demain soir à Strasbourg.